bonsoir à tous + question à Amélie

Voilà je me décide à m'inscrire suite aux nombreuses lectures intéressantes que je découvre sur ce forum. Certains me connaissent déjà comme membre du forum de Jacques.

Alors voilà, j'ai une question pour Amélie concernant les lignées.
Coralie et Clothilde m'ayant déjà bien renseigné mais la lignée de mon poulain étant toujours inconnue, j'aimerais savoir, Amélie, comment considérez-vous les juments suivantes, je vous cite :

"7 lignées maternelles nous proviennent de l'écurie Inshass des rois King et Farouk qui se sont vus offrir ces juments :
Badria (INS) 1941 chestnut mare
El Kahila (INS) 1921 bay mare
El Samraa (INS) 1924 grey mare
El Shahbaa (INS) 1925 grey mare
Hind (INS) 1942 grey mare
Mabrouka (INS) 1930 bay mare
Nafaa (INS) 1941 roan mare

J'aimerais connaitre en particulier ce que vous pensez ou savez de El Samraa
Merci et félicitation pour votre forum qui est une vraie mine d'infos

Bonjour,

Les juments que vous nous avez cité ici sont des juments de fondation pour l'écurie Inshass Stud. Cette écurie a été créée dans les années 1920 par le Roi Fouad d'Egypte. L'histoire du cheval Arabe égyptien est indissociable de celle de la famille régnante, issue de la dynastie de Mohammed Ali Le Grand. Tout au long des générations, ces hommes vont perpétuer l'élevage du cheval Arabe en Egypte et il est clair que l'élevage mondial du cheval Arabe ne serait pas ce qu'il aujourd'hui sans leur contribution. Clairement, il était impossible pour un membre de la famille royale régnant de ne pas posséder dans son écurie un programme d'élevage conséquant en matière de chevaux d'origine bédouine. Le Roi Fouad et son fils Farouk, qui prit sa suite, étaient bien plus influencés par les "colons anglais" dans leurs choix équins que certains de leurs prédécesseurs. Leur écurie comptait bon nombre de pur-sang Anglais dont ils aimaient à apprécier les prouesses sur les champs de courses. Mais élever des chevaux Bédouins était une tradition familliale et les autres membres de la noblesse égyptienne, offrir donc avec joie certains de leurs spécimens au Roi. D'autres furent acquis auprès de la R.A.S. (Royal Agricultural Society), l'ancêtre de la EAO - pour simplifier le pendant de nos Haras Nationaux. Enfin, plusieurs individus furent offerts comme cadeaux diplomatiques par les peuples Bédouins d'Arabie (ce qui était un grand honneur). Les juments que vous avez cités rentrent toutes dans cette dernière catégorie : celle des chevaux offerts aux Roi. On ne peut pas dire que l'élevage était très intensif à l'époque à Inshass. Les mâles étaient surtout orientés sur les champs de Courses, et les juments avaient au mieux "quelques" produits. L'engouement pour les Courses à cette époque fit que la sélection fut surtout tournée vers ces critères. En 1948, le général Tibor Van Pettko Szandtner (anciennement chargé du Haras de Babolna) fut chargé de reprendre en main l'élevage national égyptien. Le Roi ayant été destitué, son écurie Inshass fut "nationalisé" et Van Pettko Szandtner fut chargé de choisir les individus qui pourraient intégrer le programme d'élevage à la R.A.S. Quatre ans plus tard en 1952, la E.A.O. fut officiellement fondée sur les vestiges de ces deux écuries, regroupant la crème de l'élevage égyptien sélectionnée parmi les chevaux Inshass et ceux de la R.A.S. : parmi eux Nazeer, Sid Abouhom, El Sareei, Moniet El Nefous, Maisa, Bukra,...

Amélie, as tu déjà fait des recherches sur El Saamra??

Merci beaucoup Amélie pour toutes ses précisions.
C'est toujours intéressant de connaitre l'historique de nos chers
La jument El Samraa est donc un don fait au roi Fouad. Donc une jument royale
Peut-être pourrez-vous trouver par qui ,par quelle famille (bédouine), a-t-elle été offerte au roi Et peut-être que je saurai alors identifier la famille de Fahim, la question étant kuhailan ou saqlawi puisque les sources que Coralie m'avait cité était contradictoires

Un peu plus de détail maitenant concernant chacune de ces lignées maternelles. Je vous suggère en tout cas fortemment d'acquérir les ouvrages de Judith Forbis sur le sujet, ils sont en anglais, mais cela relève de la documentation de base en la matière.
- Badria, jument alezane, née en 1941 en Palestine, a été offerte par Basharat Bey au Roi pour Inshass Stud en 1948 (en même temps que l'étalon Beshier El Ashkar et la jument Ward). Aucune note concernant sa lignée maternelle à Inshass, mais les recherches récentes ont pu déterminer qu'elle était Hamdaniyah.
Sa lignée maternelle a disparu. Elle ne laisse que deux fils : Badr (par Beshier El Ashkar) et Bandong (par Anter). Le seul produit de Bandong a perdurer dans les pedigree est sa fille Bint Rawyah, exportée en Allemagne. Badr a aujourd'hui une descendance très importante sur tous les continents.
- On retrouve ensuite le groupe des juments offertes par la famille Ibn Sa'ud (famille régnante d'Arabie - les Wahhabites) au Roi d'Egypte :
*El Kahila, jument bai foncée, née en 1921 dans l'écurie de la famille Ibn Sa'ud, a été offerte au Roi pour Inshass stud en 1927. Sa lignée maternelle est Kuhaylah Krushiyah. Elle a eut 6 produits dont 2 ayant produit à leur tour, tous à Inshass. Sa fille Aziza (par Ibn Fayda) laissera un bon fils pour la EAO : Ezzat (par El Belbesi). La lignée maternelle perdure par sa fille El Zabia (par El Deree) et sa petite-fille Shams (par El Zafer). Shams donna Shadia I (par Mekdam), la mère de l'étalon Seef El Arab (par Sameh) pour la EAO, puis Shahd (par El Moez). La fille de Shahd, Shahbaa (par Hamdan) prendra part intégrante du programme d'élevage de la EAO pour la lignée Kuhaylah Krushiyah.
*El Shahbaa, jument grise née en 1925 (lieu de naissance et naisseur inconnus), achetée à El Haj Mohammed Ibrahim au Caire en 1931. Curieusement El Shahbaa est inscrite dans le studbook d'Inshass, comme la fille d'une jument nommée El Abbeyah Umm Jurays, qui aurai été offerte au Roi pour Inshass Stud vers 1931. Il existe différentes possibilités pour expliquer ces données contradictoires, soit El Haj Mohammed Ibrahim a importé lui même El Shahbaa en Egypte (puis la vendue à Inshass Stud), soit il existait deux El Shahbaa, l'une fille d'El Abbeyah Umm Jurays et l'autre acquise auprès d'El Haj Mohammed Ibrahim ou enfin ces deux juments ne sont qu'une seule et même. Les deux dernières hypothèses sont les plus probables...Il est aussi très possible qu'El Haj Mohammed Ibrahim n'ai été qu'un émissaire envoyé par la famille Ibn Sau'd vers l'Egypte. Bref, les données concernant la provenance de cette jument ne sont pas très claires. Quoi qu'il en soit, El Shahbaa et sa progéniture sont listés sous la lignée Abbeyah Umm Jurays. La lignée d'El Shahbaa perdure par sa fille El Mahroussa (par El Zafer). La lignée a ensuite du faire largement ses preuves pour Tibor Van Pettko Szandtner puisqu'elle même et deux de ses filles intégrèrent le programme d'élevage de la E.A.O. Leur descendance aujourd'hui est plus que nombreuse.
* Hind, jument grise née en 1942, dans l'écurie de la famille Ibn Sa'ud, a été offerte au Roi pour Inshass stud en 1945. Sa lignée maternelle est enregistrée comme Saklawiyah (pas de sous lignée mentionnée). Sa fille Hanaa (par El Belbesi) est intégrée au programme d'élevage de la E.A.O. mais ses deux filles par lesquelles perdurent sa lignée sont celles importées aux U.S.A. : AK Anzar et Bint Hanaa (toutes deux par El Sareei). La lignée a disparu du programme de la E.A.O. certes mais pas d'Egypte. Avant d'être exportée aux U.S.A., Anzar a été acquise comme jument de fondation pour Al Badeia en Egypte. Bien qu'Al Badeia ait exporté de très nombreux individus issus de cette lignée au fil des ans, elle perdure toujours en Egypte en très petit nombre.
* Mabrouka, jument baie née en 1930, dans l'écurie de la famille Ibn Sau'd, a été offerte au Roi pour Inshass stud en 1945. Sa lignée maternelle est enregistrée comme Saklawiyah (pas de sous lignée mentionnée). Morte en 1949, une seule fille se chargera de la perpétuation de sa lignée, Bint Mabrouka (par Ezzat, un petit-fils d'El Kahila), intégrée directement au programme d'élevage de la E.A.O.
* Nafaa, jument aubère (rouanne) née en 1941, dans l'écurie de la famille Ibn Sa'ud, a été offerte au Roi pour Inshass Stud en 1945. Sa lignée maternelle est enregistrée comme Kuhaylah (pas de sous lignée mentionnée). Sa fille Nadia (par Ezzat) produisit Serenity Bint Nadia (par Sameh) exportée aux U.S.A. pour Serenity Farms. Je pense qu'à aujourd'hui, il s'agit de l'une des lignées les plus rares, si ce n'est LA plus rare en SE.
- Maintenant en ce qui concerne, El Samraa. C'est une jument grise née en 1924. Le moins que l'on puisse dire sur cette jument c'est que son passé est certainement le plus flou parmi les juments d'Inshass Stud. Sa mère Bint El Sheikh auait été achetée (ou offerte) au Sheikh Omar Abd El Hafiz (un égyptien), on ignore sa provenance, elle est seulement enregistrée comme "Desertbred" (née dans le désert). Il est probable que Bint El Sheikh arriva pleine de l'étalon Hab El Reah à Inshass et qu'elle y poulina El Samraa (à moins que les deux juments aient été acquises en même temps). Ce qui est évident c'est que les données sont contradictoires sur la lignée maternelle de ces juments. Il faut bien savoir que les notes (et les recherches de Carl Raswan) sont à l'origine de bon nombre de nos données en matière de lignée maternelle. Et c'est justement ce qui nous fait défaut ici puisque Raswan se contredit en listant à l'origine et à plusieurs reprises El Samraa et Bint El Sheikh comme des Kuhaylat. Bien plus loins, il liste ensuite Bint El Sheikh comme une Saklawiyah (as-Subayah). Si la provenance exacte de Bint El Sheikh était connue il sera assez facile de remonter jusqu'à la source (la tribu éleveuse) et vérifier l'exactitude de ces données. Malheureusement, ce n'est pas le cas... Personnellement, j'ai un peu de mal à envisager un étalon comme Sameh, issu d'une lignée Saklawiyah (surtout la lignée mentionnée ci-dessus). Sameh était connu pour améliorer l'arrière-main des juments qu'on lui donnait à la saillie. Certes il n'est pas non plus l'idée même que l'on se fait d'un étalon Kuhaylan (sa masse musculaire et osseuse dans les jambes dénote une influence très différente). C'est bien un très joli cheval, comme le montre l'importante part de sang Saklawi qu'il possède déjà (plus d'1/4 de son pedigree). Mais ce look ne se rapporte pour moi clairement ni à l'une ni à l'autre de ces deux "familles". La famille d'El Samraa étant toujours en activité, il est très probable que nous ayons dans un futur très proche une réponse ferme et définitive à cette question. Si l'ADN mitochondrial des descendantes d'El Samraa concorde avec celui de juments d'une autre lignée, nous serons fixés et pourront enfin mettre un nom sur la lignée. En attendant, "patience est mère de vertue". La lignée d'El Samraa est bien ancrée actuellement. On y trouve celle de sa fille Ghandoura (par El Deree), dont la fille Ghorra (par Hamdan) est intégrée au programme de la E.A.O, et celle de sa fille Bint El Samraa (par Mekdam) dont la lignée trace en Egypte et aux U.S.A.. Il faut bien sûr noter aussi Sameera (El Deree & El Samraa), mère de Sameh (par Ibn Fayda), un des étalons de tête de la E.A.O.

Oui donc pas d'autrs infos, je me suis mis ds le Raswan Index et c'était très intéressant...Donc pet désolée, on ne résoudra pas l'énigme El Samraa

Encore mille merci, Amélie, pour cet historique.
Et oui, Clothilde, l'énigme El Samraa reste entière
Mais je ne suis pas déçue, c'est passionnant toutes ces lectures
Et puis grâce à vous (Clothilde, Coralie, Amélie) je me sentirais moins ignorante le jour ou quelqu'un me questionnera sur la lignée de mon noir Q.
Maintenant, comme le dit Amélie, patience... L'adn nous en dira certainement plus ...un jour...